RENÉ ALLIOT ET MARIE VERSTRAET
- IV -
de 1939 à 1951
René a 80 ans et pourrait prendre une vraie retraite. En réalité, il suit la marche des usines, car la situation a brutalement changé: les collaborateurs plus jeunes sont au front…
Peu de temps auparavant, par courrier du 2 juin 1939, Monsieur Colson sollicitait auprès du Ministre du Commerce et de l’Industrie la nomination de René au grade de Chevalier de la Légion d’honneur. C'est une demande qui a été établie depuis plusieurs années déjà. Déjà En 1933, Eliacin Rol avait écrit cette lettre à Maurice, avec peine, tant il était souffrant alors (il est, rappelons-le, décédé en janvier 1934) :
"Mon cher Maurice,
Je peux m’approprier les 3 premières lignes de la lettre d’Edmond (Colson?). Reçu ta lettre et, sans attendre j’ai fait le nécessaire. Mais le nécessaire sera-t-il suffisant à toi de faire le reste car je ne vois pas ce qu’on pourrait faire pour rougir la boutonnière paternelle.
Je suis dans un triste état et je ne veux pas le paraître. Ta mère m’a écrit, je lui répondrai. Thérèse, je lui ai écrit mais je n’ai pas de réponse.
Je vous embrasse tous de tout mon cœur,
E. Rol
Tu peux correspondre avec Edmond cela gagnera du temps…"
Cette reconnaissance, René ne l’aura pas avant la mort de sa femme Marie, qui intervient le 22 janvier 1940. Les démarches de Monsieur Colson n’ont pu aboutir avant que l’entrée en guerre de la France ne bloque les choses… Un des responsables de l’usine de Reuilly écrit au « Commandant Maurice Alliot, Etat Major Artillerie, secteur postal 45 » : il résume la réunion syndicale de la veille et rapporte les propos de Monsieur Colson remerciant les membres du syndicat de la part de M. René Alliot et de sa famille, pour « les marques de sympathie témoignées à l’occasion du deuil cruel qui vient de les frapper (….). "Il (M. Colson) a fait connaître ensuite qu’il regrettait de n’avoir pu donner à Madame Alliot, avant son décès, la consolation de voir la Croix de la Légion d’Honneur attribuée à son mari,…. Il a pris l’engagement de reprendre cette demande aussitôt la fin des hostilités, puisque pendant la période actuelle la distribution des récompenses honorifiques au titre civil est suspendue". (…..)
La mort de Marie, souffrante depuis quelques mois, a frappé la famille ALLIOT alors que les uns et les autres étaient dispersés par la guerre. C’est pour noter en particulier les nouvelles obtenues, les adresses (ou ce qui en tient lieu) où on pourra écrire aux personnes chères ou amies, et noter aussi les événements importants que René tient dans les premiers temps de la guerre une sorte de journal. On y trouve relatés aussi bien les événements familiaux que des faits d'actualité internationale. Ce journal est présenté par ailleurs sur ce site sous la rubrique "Personnages et événements: 1939-41 "Journal" de René ALLIOT. On y trouve de nombreux extraits du document, retranscrits et les liens vers les pages manuscrites de René (8 pages). Vous pouvez y accéder maintenant, puis faire retour arrière pour revenir à la présente page.
Pour voir immédiatement cliquer sur ce lien.
Même si le texte ci-dessus évoqué s'arrête à l'été 41, René continue certainement à suivre de très près l’actualité, surtout lorsqu’elle affecte, tant que dure la guerre, la vie des uns et des autres.
Mais des événements heureux se préparent aussi, malgré la guerre, avec les deux mariages, à quelques mois d’intervalle, celui d’Henri, en janvier, et celui d’Anne-Marie, en juillet.
En janvier 1944, René est très âgé, et il est difficile de circuler. Aussi, le 16, Maurice lui écrit-il une très longue lettre (elle s’adresse aussi à Thérèse qui lui tient compagnie) pour lui relater les préparatifs et le déroulement du mariage d’Henri et de Jacqueline.
Le 16 janvier 1944,
Mon cher papa
Je voulais te mettre un mot hier soir, je n’en ai pas eu la possibilité, car jusqu’assez tard, nous avons été pris et ensuite cette journée fatigante méritait un terme.
Nous avons entendu avec un grand plaisir la voix de Thérèse hier soir et surtout parce qu’à côté de l’assurance de communauté de pensées elle nous disait que ta santé avait fait de grands progrès, et que tu avais pu aller jusqu’au bout du potager.
Je passe maintenant à ce qui vous intéresse le plus, la cérémonie du mariage d’Henri. Je ne pourrai m’étendre aujourd’hui sur beaucoup de détails, on y reviendra dans la mesure du possible.
Donc contrat signé mardi après midi chez (…..), notaire des Meslin (…). Aussitôt après nous sommes allés prendre le thé chez les Meslin, maintenant installés à Paris, 12 rue Faustin Hélie. Ils y occupent dans une maison appartenant à Madame Biais, mère de Madame Meslin, un appartement au dessus de celui de la sœur et du beau-frère, M. et Mme Marcel Domange (fils de Eugène Domange). Là, nous avons retrouvé Mme Biais que nous ne connaissions pas encore. Excellente impression. Femme déjà âgée, mais active et qui nous parut une femme de tête et intelligente. Elle habite habituellement chez son gendre le Dr Maisondieu, à la Trémouille (Vienne).
Vendredi, le mariage civil eut lieu à Brunoy. Le maire avait été envoyé en mission pour son service et ne pouvait être là, ce qu’il a beaucoup regretté et nous aussi, car nous avons eu beaucoup de rapports avec lieu ces derniers temps, Suzanne pour les prisonniers, commission municipale, qu’Henri pour les jeunes, et moi-même. C’est donc un adjoint d’ailleurs sympathique qui maria les enfants en présence des parents, de Anne-Marie et de Françoise Meslin, témoins de leur frère et sœur, de Madame Biais, des 2 plus jeunes Meslin (Marie-Cécile, 9 ans, et Jean, 7 ans) et de Françoise Alliot (Lucienne et Bernard étaient en classe, il y a déjà tellement de raisons d’être en l’air, tellement de congés, que nous n’avions pas jugé utile de les distraire de l’école) – Petit discours aimable, correct, de bon goût. Ceci à 15h 30, une courte alerte ne nous a pas troublés.
A 19 heures, tout ce monde plus Lucienne et Bernard était réuni pour le dîner servi par Madame Chambon qui depuis le matin s’affairait à préparer le lunch. Dîner cordial pendant lequel Michel Fandre arrive pour dire son mot au gigot.
A 20h 30, veillée de prières à l’église où en dehors de notre famille il y avait une dizaine d’amis. Le jeune vicaire qui avait souvent travaillé avec Henri mena bien son affaire, mais probablement ennuyé de ne pas voir une plus nombreuse assistance. Une partie de la famille Biais coucha à l’hôtel, Monsieur et Madame Meslin et leur petite fille étaient reçus chez nos voisins d’en face, les Bornat, qui, très aimablement avaient offert une chambre à Suzanne. Michel Fandre à la maison.
Samedi, la journée commença de bonne heure pour nous, car tu penses bien qu’il y avait de la besogne ! Je n’entre pas dans le détail (cuisine fort active (5 personnes dont Geneviève Corenflot, qui s’était fort aimablement proposée, va bien, son fils est chez Céline, Joseph est rentré de captivité, il ne va pas bien, il est tout blanc). La veille nous avions démonté les portes du salon, de la salle à manger, et de la salle à manger sur la cuisine, remplacée, cette dernière, par une tenture. Pour la réception, les vestiaires étaient installés, pour les dames dans notre chambre, pour les messieurs dans la chambre d’Henri.
Arrêt… goûter…thé et restes du lunch…. (peu nombreux)
Les tapis avaient été enlevés à la salle à manger et au salon car la semaine pluvieuse nous avaient incités à la prudence.
Je vous donne tous ces détails pour vous permettre de vivre mieux cette journée avec nous rétrospectivement. J’y consacre un peu de temps mais je le dois bien, n’ayant pu le faire hier et avant-hier en vous ayant près de nous.
Martin a fait une belle toilette du jardin….
Venons aux faits :
A 8h 30, messe de communion dite par Monsieur l’Aumônier ; très recueillis, nos familles et une vingtaine d’amis. Retour à la maison, petit déjeuner solide avec chocolat (Phoscao), viande, etc. Je ne m’étendrai ni sur les menu, ni sur leur confection, je laisserai ce soin aux dames, je dirai seulement que nous avons eu confiance, et nous avons eu raison, car l’aide nous est venue de différents côtés : Neuvy, Paris (où Jeanne avait fait pas mal de courses), la Nièvre – une très grosse dinde était venue de Moulins, Engilbert et Jeanne Limasset en avaient fait une superbe et délicieuse galantine (120 parts qui ont été fort appréciées de nos hôtes…. et nous n’en avons pas, ou peu goûté !), de l’Orne où une amie d’Anne-Marie avait envoyé d’excellentes brioches d’avant-guerre, de Charente d’où mon camarade de captivité Sohin avait envoyé 2 belles pièces, et nous sommes fiers de dire que absolument rien ne vint du marché noir….. et j’oubliais une aide précieuse de l’abbé Deslandes : beurre, de Pierre Schneiter : Champagne, et, grâce à l’amabilité des fournisseurs de Brunoy, force autres choses, et même une boîte de cigarillos. De la Somme, Madame Hurier avait envoyé des gaufres.
Pendant que tout cela se préparait, Jacqueline quittait le manteau de fourrure qui lui fit tant plaisir , et revêtait sa robe blanche prêtée par une parente et se parait de vraie dentelle prêtée par Suzanne, et Henri se mettait en habit, comme Monsieur Meslin (qui avait découpé toutes sortes de choses à la cuisine).
Le photographe de Brunoy vint faire les photos vers 11h. Dans le salon, une belle corbeille fournie par nous, et une plus grande, cadeau du personnel des bureaux Paris et Bohain – et quelques autres fleurs.
A l’arrivée du car, arrivée du petit service d’honneur, 4 couples dont Marie-Cécile Meslin et Bernard étaient les aînés. Madeleine Demars avait amené Alain et Marie-Claire. Nous avons été particulièrement heureux d’accueillir cette chère Madeleine, toujours si simple et si souriante. Je lui fait part de ce que vous aviez convenu avec moi, qu’en cas de bombardements trop gênants à Colombes, elle trouverait un refuge à Reuilly, ce dont elle vous remercie bien, quoique décidée à rester le plus longtemps possible chez elle, et non moins décidée à ne pas aller seule à Sermaize.
A l’arrivée du train de Paris, à 12h 15, départ pour l’Eglise en petits groupes. Notre garagiste d’avant-guerre avait pu nous faire le plaisir d’emmener en auto Jacqueline et son père.
Journée bénie de Dieu, temps superbe et pas d’alerte assombrissant les cœurs. A l’église, décoration très sobre, nous y tenions, d’accord avec le curé, pour laisser à ce joli chœur tout son caractère : quelques aromes sur l’autel, un peu de feuillage discret, venant de notre jardin (…….)
La messe fut belle, la musique entièrement exécutée par des amis (orgue, une jeune amie du Conservatoire, violon, un jeune ami du Conservatoire, un « alléluia » magnifiquement chanté par la mère d’amis des enfants, le tout sous la conduite du jeune vicaire).
La bénédiction fut donnée par l’abbé Lhuillier qui connaît Henri depuis longtemps pour l’avoir eu comme élève à Massillon et comme pensionnaire à Gratry. Il était assisté par le curé qui officiait, par l’abbé Camus que nous connaissons depuis longtemps, curé de la 2ème paroisse de Brunoy, et par le directeur de Massillon qui eut la gentillesse de venir (Henri est secrétaire de l’association des anciens élèves.
L’abbé Lhuillier fit un discours dont on fit grand compliment dans l’assistance, inspiration très élevée, pas de ces compliments dont la banalité est souvent pénible. A la fin une pensée fort aimable pour le grand-père que l’âge et les difficultés de communication retiennent loin de tous mais qui est présent dans tous les esprits. Il disait ainsi ce que tous pensaient, regrettant votre absence à tous deux.
Après l’office, défilé où nous vîmes pas mal d’amis, évidemment pas tant que si la cérémonie avait eu lieu à Paris, cela en donnait plus de prix à ceux qui étaient là. Puis le lunch, debout, naturellement. Grâce au temps superbe, beaucoup de personnes purent rester au jardin et devant la maison, nos nièces fort aimablement passèrent assiettes et victuailles, boissons par les fenêtres. Qu’aurions nous fait sans ce beau soleil !? Nous estimons nos hôtes à environ 120. Et les compliments furent grands sur la qualité de ce lunch, ils doivent être tous reportés sur Suzanne qui, s’étant donné beaucoup de mal, avait pleinement réussi. Des groupes sympathiques se formèrent un peu partout. Gabrielle eut de longues conversations avec Monsieur Teillac au sujet de la Tunisie, elle retrouva, grâce à ce pays lointain, Albert Sénéchal, Hubert Fandre et sa femme.
Jacques Klein était venu avec sa fiancée, Mademoiselle Duvivier. Arthur Klein n’avait malheureusement pu venir, et c’est Joseph Limasset qui fut témoin. Pour les présences, je vous fais une liste, fruit de la collaboration avec Suzanne et Anne-Marie, elle comporte sûrement des oublis, notamment pour les amis d’Henri. Un bon élément fut le mélange des deux familles qui se fit aisément, il y eut notamment un groupe de polytechniciens (6 ou 7). Des quantités de relations communes furent trouvées et cela me semble une excellente garantie pour l’avenir de nos jeunes. J’attache beaucoup de prix au fait qu’il y a identité de milieu. Toutes nos jeunes filles furent aimables et serviables, Anne-Marie principalement, comme il apparaîtra par la suite.
Le train de 16h emmena les derniers invités, à l’exception des Meslin qui restèrent pour le dîner. Je mis Mr. à contribution pour remonter mes portes, ce qui est délicat avec le vieux système à charnières.
Tout le monde se sépara, enchanté de la journée et de la mine heureuse de tous. L’un des plus démonstratifs fut Mr Eugène Domange (frère de Henri Domange), que j’avais été voir au début des démarches qui ont mené le projet d’Henri à son but .
Et nous voilà à nouveau en famille avec nos 4 enfants, l’oiseau envolé est à Paris. Jacqueline et lui iront se reposer quelques jours à Nemours, ils en ont besoin. Leur appartement n’est pas encore tout à fait au point, et il est souhaitable qu’ils ne s’y fatiguent pas trop actuellement. Quant à nous, nous voilà à un nouveau stade de la Vie, mais le démarrage de ce jeune et premier foyer semble bon.
Aujourd’hui, grande remise en état de la maison. Tout est à peu près en ordre, reste le nettoyage des grosses choses, maison, parquets, lessives, etc.
Ce matin, Anne-marie a eu le dévouement et la gentillesse de partir à 8h pour porter aux jeunes époux la corbeille de fleurs qu’ils n’avaient pu emporter hier soir, et la déposer à leur porte. Elle est revenue pour le déjeuner... (suivent quelques nouvelles de personnes diverses)
Merci de t’être occupée de mes chaussures. Il n’est peut-être pas indiqué d’envoyer les 2 ensemble.(…) Nous nous réunissons pour vous embrasser bien affectueusement tous deux,
Maurice.
Avec enthousiasme, la plume alerte de Gabrielle Bligny (petite fille de Malvina, la sœur de Marie ALLIOT) raconte à René et Thérèse cette même journée :
Anne-Marie et Pierre BOUDIN se marieront quelques mois plus tard, le 29 juillet, à Brunoy. Il est amusant aujourd’hui de constater que Maurice ne parle pas du tout de ce fiancé dans sa lettre du 16 janvier, et parle de sa fille aînée de 28 ans comme d’une petite jeune fille bien serviable !
En fait, le 16 janvier, Anne-Marie n’avait pas encore ébruité la nouvelle. Pierre s’était pourtant glissé incognito au fond de l’église et avait d’ailleurs été assez mal à l’aise quand il avait été reconnu par des amis communs. Plus tard, d’ailleurs, Pierre racontera avec amusement plus qu’avec rancune, comment, pour rentrer dans cette famille, il avait du montrer patte blanche… !
Jeune médecin depuis sa thèse, soutenue en mai 1939, Pierre a été mobilisé en août et affecté comme médecin à un régiment de chasseurs. En juin 1940, il est fait prisonnier et part, sans le savoir, pour 3 longues années de captivité, dans un camp allemand, puis en Pologne, puis finalement à Aix-la-Chapelle…. Libéré le 22 septembre 1943, il retrouve sa maman à Chantilly, elle l’a attendu chaque jour…
Début novembre, il est invité chez les Morvan. Il y va d’assez mauvaise grâce, car il a horreur des réunions mondaines. Mais c’est là qu’il va rencontrer pour la 1ère fois Anne-Marie Alliot, cousine des Morvan. Une rencontre suivie d’autres…. Puis, parce qu’il faut bien en passer par là, d’une présentation à la famille, à Brunoy d’abord, puis à Neuvy. Effectivement l’abord de la famille ALLIOT n’est pas aisé . Il a du préalablement rencontrer Maurice dans son bureau de Reuilly et répondre (comme un gamin !) à beaucoup de questions sur sa famille, ses études, sa jeunesse… Le jour où il est invité à Brunoy, Françoise, Lucienne et Bernard sont très excités par le « fiancé d’Annie ». A Neuvy, l’accueil de Thérèse est un peu "coincé" comme on dirait aujourd'hui, mais René, lui, le reçoit à bras ouverts.
Comme celui d’Henri et de Jacqueline, le mariage d’Anne-Marie et de Pierre s’organise dans un pays entre en guerre, soumis à un rationnement strict. Là encore, Suzanne va faire des merveilles ! Lucienne, la veille du mariage, fait des kilomètres à bicyclette pour chercher du ravitaillement à la campagne. Elle revient de son long et périlleux trajet (des troupes circulent un peu partout) avec des œufs, du beurre et un canard….vivant ! Pas facile à transporter ! Ensuite, Suzanne, qui n’a jamais tué un canard, est perplexe. Heureusement que Martin, le jardinier, est là !
Les mariés sont magnifiques avec les habits qu’ils ont pu récupérer à droite et à gauche, et la cérémonie, célébrée à l’église Saint Médard de Brunoy, puis dans à la maison, route de Brie, est tout aussi réussie que la précédente.
La guerre est très présente malgré la fête : Le matin même du mariage, la ligne Paris-Brunoy a été coupée. Mais surtout, on est sous le choc du bombardement désastreux qui a eu lieu quelques jours auparavant à Neuvy, alors que rien ne pouvait laisser supposer une attaque de cette ampleur à cet endroit.
En juillet 1944, Neuvy-sur-Loire connaît de terribles moments . Si la grande maison familiale ne subit pas de dommage, il n'en est pas de même du village de Neuvy dont une grande partie est détruite et où beaucoup de familles sont très éprouvées (on aura des détails dans la partie du site "Personnages, lieux et Evénements": Neuvy-sur-Loire - A faire). Jocelyne, la fille de Marcel et de Denise Beaunier qui ont par la suite occupé un logement à Bois-Réaux, et y ont travaillé pour Maurice, Suzanne et Thérèse Alliot, a été grièvement blessée ce jour là. Elle avait cinq ans.
Après la guerre vient le moment de revivre, malgré les deuils, les privations et les tickets de rationnement. La jeune génération s'annonce! Catherine est née chez Henri et Jacqueline, et Jean-françois est, cet été 1945, attendu pour le mois de septembre par Annie et Pierre.
Au début du mois de janvier 1946, la famille est endeuillée par la mort de Françoise, qui depuis des mois se battait contre la tuberculose. Elle avait 18 ans.
René, jusqu’en 1946, n’était pas encore tout à fait retiré des affaires : Le 22 janvier 1946, le Président du Syndicat des fabricants de fils et câbles électriques, M. Desbordes, écrit à Maurice, nouveau Président de la société ALLIOT LIMASSET et Cie à la place de son père René ALLIOT qui vient de "résigner" de telles fonctions…. Joseph LIMASSET devient Directeur Général.
René ALLIOT s’est éteint le lundi 12 mars 1951, à Bois-Réaux, à la suite d’une broncho-pneumonie. Il avait presque 93 ans. Il a 6 arrières petits enfants : Catherine, Dominique et Vincent Alliot, Jean-François, Philippe et Marie-Jeanne Boudin.
Témoignages de sympathie, de tristesse, de profonde admiration pour l’homme disparu affluent, de la famille, des amis, des anciens collaborateurs. Hommage de la profession :
Extrait de la réunion du Bureau
Du Syndicat Professionnel des
Fabricants de Fils et Câbles Electriques
Du Jeudi 15 mars 1951
____________________
En ouvrant la séance, Monsieur LALANNE fait part à ses collègues du décès de Monsieur René ALLIOT, père de notre Collègue Monsieur Maurice ALLIOT
– Monsieur ALLIOT a été un des pionniers de l’industrie des Câbles en France. Il a été un des premiers à comprendre tout l’intérêt de l’organisation syndicale à laquelle il s’est donné de tout son cœur avec un grand désintéressement
– Monsieur ALLIOT n’a jamais eu que des amis parmi les Câbleurs. Sa compétence technique et sa très haute valeur morale ne peuvent que forcer l’admiration
Monsieur LALANNE exprime à Monsieur Maurice ALLIOT les condoléances de la profession pour le grand deuil qui le frappe.
C’était à Maurice et aux siens qu’il appartenait de perpétuer l’œuvre et de compléter une famille que René avait marqués de sa personnalité riche et attachante. Après l’incendie des ateliers de Reuilly, l’usine de Bohain avait pour lui comme pour ses associés une grande importance. En 1948, c’est le décès de Joseph Limasset, puis en 1951, de René. Maurice dans ses notes, écrit en 1968 "J’étais donc seul désormais lorsque j’appris l’installation à Bohain de l’usine de câbles de THOMSON HOUSTON, avec des moyens auxquels je ne pouvais songer – d’où la cruelle détermination d’arrêter en 1953".
Pour poursuivre, retourner au menu de gauche, ou choisir ci-dessous, soit de revenir à la lecture généalogique de l'histoire des ancêtres de Maurice, côté maternel :
soit de lire les pages consacrées à Maurice, de l'enfance à la grande guerre et à son mariage avec Suzanne