Vous êtes ici

FRANCOIS ALLIOT

FRANÇOIS ALLIOT

LES ALLIOT-HENNEQUIN

ou le début des usines ALLIOT de BOHAIN

Il nous reste de l'un de nos ancêtres ALLIOT un curieux document que son propriétaire a amplement signé de son nom, y ajoutant moult fioritures.. On y trouve notée sur l'une des pages (p.3 ci-dessous), l'année Mil huit Cen et un..  Il s'agit sans doute du jeune François ALLIOT, troisième du nom, alors âgé de 17 ans. Le livre, édité sous le règne de Louis XVI, est ainsi paraphé lors du consulat de Napoléon Bonaparte. Quelle est alors l'activité de François, celle d'un autre François, son père et de sa famille? On peut imaginer que parents et ancêtres, établis à ORIGNY-Ste-BENOÎTE et à FRESNOYE-le-GRAND, petites communes de l'Aisne proches de BOHAIN, sont, comme beaucoup de gens de la région, soit eux-mêmes des tisseurs dans leur village, soit, plus vraisemblablement des cultivateurs qui lorsque le travail de la terre leur laisse quelque répit, se livrent à domicile à des activités de tissage pour les fabricants de la région.

Toujours est-il que le LIVRE DES COMPTES-FAITS témoigne d'une activité commerciale justifiant que l'on sût faire toutes sortes de comptes....

 

 Le Livre des Comptes-Faits

Livre des Comptes-Faits ....
avec lequel on peut faire toute sorte de compte des monnaies....
pour peu qu'on sache l'ad
dition 

(voir suite page 2voir suite page 3)

C'est en tout cas avec ce François ALLIOT, manifestement très fier, en 1801, de posséder un tel ouvrage, que va commencer à BOHAIN la saga des usines ALLIOT et Cie...  Mais laissons encore passer une douzaine d'années.

 

François et Séraphine-Marcelline, originaires du même village Picard, FRESNOYE-LE-GRAND - arrondissement de Saint-Quentin, canton de BOHAIN (Aisne) - se marient le 24 février 1813. Marcelline a au moins deux frères. L'aîné, Henri, va jouer un rôle primordial dans la vie de la famille Alliot en créant avec son beau frère François l'une des usines de tissage qui, avec la vogue des toiles de Cachemire et autres tissus de grande finesse, vont contribuer à la réputation et à la prospérité de BOHAIN et de sa région...
Dans un ouvrage intitulé "Notice sur la ville de Bohain" évoquant le passé historique et les activités de la ville, Joseph Pétréaux cite quelques-uns des métiers qui se sont depuis longtemps déjà, développés à Bohain, comme "les braisetiers, les mulquiniers, les gazetiers et faiseurs de soie, les liseurs de dessins". Et il note que, vers 1825, la fabrique de châles Hennequin-Alliot exportait sa production en Amérique....

Le tissage à Bohain est une tradition. On constate en effet, en consultant les registres paroissiaux du 17e siècle qu’une des professions les plus répandues est celle de «mulquinier», à l'origine l'ouvrier qui fabrique des toiles fines. Et peut-être à BOHAIN ce terme désignait-il d’une façon générale tous les tisseurs.
C'est à un tisseur de la ville déjà que Napoléon Ier avait un jour commandé un châle de soie pour Joséphine. Mais c'est surtout l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui en lançant la mode des châles de Cachemire que toutes les futures mariées vont avoir dans leur trousseau, renforce l'essor et la notoriété des fabriques de la région.
En effet, a
u cours du 19ème siècle, on passe d'une simple activité artisanale à une véritable industrialisation. Toute la population se mobilise autour de cette activité économique. Celui qui n'est pas tisseur travaille pour fournir la matière première ou fabriquer les pièces nécessaires pour réparer les métiers à tisser. Beaucoup travaillent aussi à domicile sur ces métiers en liaison avec les fabricants de la région, entretenant une tradition ancienne de travail à domicile, les paysans du pays partageant leur temps, en fonction des saisons, entre activités agricoles et tissage.
CachemireUtilisant des écheveaux de soie importés des Indes, la fabrique ALLIOT-HENNEQUIN produit de ces fameux châles de cachemire. La partie tissage est dirigée par François. Henri s’occupe de la vente, secondé ensuite par son fils aîné Léon qui en développe l’exportation aux Etats-Unis, notamment chez les planteurs de coton du sud. Léon se marie d’ailleurs avec une américaine de la Nouvelle-Orléans, Mademoiselle BURTE DE BERGHE, et vit une partie du temps aux Etats-Unis, l’autre à Paris. René Alliot, petit fils de François et de Marcelline, se souvient  du somptueux hôtel particulier de l'Avenue du Bois où, reçu chez son oncle Léon Hennequin, il jouait avec son cousin Francis qu'il aimait beaucoup, même si ni lui, ni son père Ernest n'appréciaient "le luxe" qui s'y étalait et "les larbins" nombreux et omniprésents "même pendant les repas"!
Francis HENNEQUIN était un élève brillant, qui, après avoir suivi les cours de l'école Polytechnique, alla s'établir à Bordeaux comme fabricant de Javel. Maurice ALLIOT avait 9 ans quand il  mourut prématurément en 1898. La tombe des HENNEQUIN est au père Lachaise.
Bien des années plus tard, en 1963, Maurice notait sur un article découpé dans un journal l'adresse d'une exposition, présentée à Paris, sur les fameux châles de Cachemire... (ils n'étaient d'ailleurs pas forcément fabriqués à Bohain).
  

 

Exposition

 

Après François ALLIOT, c'est son fils ERNEST qui reprendra l'usine de tissage, et la vente des châles continuera à prospérer jusqu'à ce que deux phénomènes en précipitent le déclin: Dès le début de la guerre de Secession (1861-1866), les exportations de châles vers l'Amérique deviennent rares, puis s'arrêtent. Et puis en France, 1870 marque la fin du second empire, et indirectement de l'influence d'Eugénie sur la mode! Les châles donc, ont connu leur heure de gloire. La région de BOHAIN, aux frontières de l'empire depuis que l'Alsace et la Lorraine ont été enlevées à la France, continue cependant la tradition des tissus fins, et les grands couturiers s'y approvisionnent d'ailleurs, quand ils n'y établissent pas même leurs propres ateliers (Coco Chanel en autres, à Maretz). La famille ALLIOT y conservera de profondes racines et le petit fils de François ALLIOT, René, saura utiliser le savoir-faire des gens de Bohain... pour le gainage des fils téléphoniques et électriques par de la soie ou du coton… Mais pour l'heure, Ernest, engagé dans la vie municipale, va préférer se consacrer, à partir de 1870, au développement de la ville, à commencer par la création d'une école de tissage...

Au cimetière de BOHAIN, parmi bien d'autres sépultures familiales, on trouve à droite de l'allée centrale, dit une note de Maurice, 2 tombes:
"Ci-git Marcelline HENNEQUIN, épouse de François ALLIOT, décédée le 3 avril 1869 dans sa 76ème année"
(tombe de gauche)

Et "Ci-git François ALLIOT, décédé le 30 septembre 1866 dans sa 83ème année"
(tombe de droite)

Chapitre suivant: