Lucien et Angèle
LIMASSET
2ème partie
de 1900 au début de la guerre de 1914-1918
Cette superbe photo de famille ouvre d'autant mieux ce second volet de l'histoire de la famille Limasset que celle-ci y est entourée des parents et des frères et soeurs d'Angèle. Elle-même est assise au 1er rang, à gauche de notre photo, à côté de son père Jules Poullot et de sa mère Adèle. Assis à droite, c'est Albert Poullot, le seul frère d'Angèle. Derrière celle-ci se tiennent Jeanne (la plus jeune de ses sœurs, épouse Jacquinet), et Lucien. A droite, debout, c'est Berthe (épouse Allais).
Les enfants Limasset sont là, au milieu de leurs cousins : André, en haut, 4e à partir de la gauche, Joseph, 1er en haut à gauche, Jean, en uniforme à côté d’André, puis Marc, 3e en haut à partir de la droite, Geneviève, tout en haut, 3e à gauche, Marguerite, en haut, 2e à droite, Suzanne, 3e à gauche au 3e rang, Yvonne, même rang, 2e à gauche, et Renée, au milieu du 2e rang.
Comment vit-on alors ? Plutôt bien! Les garçons font leurs études au Lycée et les filles au Collège; sur les palmarès des distributions de prix, le nom des Limasset figure à toutes les pages. A la maison, tout ce petit monde tient beaucoup de place. Le jardin, pourtant de bonnes dimensions, devient trop petit et les parents font aménager un terrain de la promenade Saint-Just, le «Grand-Jardin», qui fournira des légumes à la maisonnée, mais surtout va permettre de donner un nouvel essor aux jeux des garçons et bientôt, dès 1901, d'installer un tennis pour les aînés.
On fait toujours beaucoup de musique aussi. On imagine l'ambiance harmonieuse, à la fois studieuse et décontractée, qui règne ici. Pourtant, si l'on en croit Marguerite, qui a écrit les paragraphes qui suivent, il y a aussi chez les Limasset quelque chose d'austère:
« Mes parents nous aimaient sans le montrer.
Etant nombreux, maman nous laissait aux mains d'une bonne pour notre toilette. C'était pour moi un complexe d'infériorité vis à vis de compagnes que leur maman coiffait elle-même. Aussi, autant que je l'ai pu, j'ai soigné moi-même mes deux enfants jusqu'à ce qu'ils puissent se débrouiller seuls.
Peu d'intimité peut-être entre parents et enfants, mais confiance absolue, sans se dire des mots tendres. Nous leur obéissions sans penser que nous aurions pu ne pas le faire. D'autre part, nos parents paraissaient nous faire confiance, puisque très tôt, vers 1900, nous circulions seules en ville. Très tôt nous assistions à des cours de danse (14 et 16 ans) qui nous réunissaient aux filles du préfet et aux officiers de la garnison. Réunions également au tennis, toujours en présence de parents. Les garçons ont été orientés vers les grandes écoles par goût pour eux et pour nos parents, et ils ont réussi. (...)"
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Comme l'écrit Marguerite, après un premier séjour à Mers-les-Bains, tout au début des années 1900, la famille retourne fréquemment y passer des vacances.
Photos de Mers-les-Bains vers 1900 : La Promenade de la Plage et les villas en bordure de mer.
Si Mers-les Bains, d'accès facile, est souvent le lieu de villégiature, la famille Limasset apprécie aussi la Bretagne sauvage qu’elle retrouve par exemple, en cet été 1904, à Beg-Meil, petit village situé de la commune de Fouesnant, dans le Finistère (Beg Meil veut dire "pointe du moulin"). De Beg-Meil, endroit beaucoup plus sauvage que Mers-les Bains, on dit que c’est la mer dans la campagne...
et, pour découvrir Yvonne et Renée sur un rocher de la plage de Beig Meil en 1904, cliquer ici
Mers-les-Bains 1909. Au balcon de la villa louée en 1909, une partie de la famille Limasset, Marguerite, à gauche, Renée, accoudée, Angèle au centre, puis Suzanne et Yvonne à droite. Elles sont en compagnie des Monet, Marguerite et Paulette, en chapeau, et Pierre. Les Monet, qui ont pris eux aussi leurs vacances à Mers, sont des amis des Limasset, Monsieur Monet ayant suivi le même type de carrière que Lucien Limasset (comme lui, il devient en fin de carrière Inspecteur général des Ponts et Chaussées). Plus tard, en 1918 pour la première, en 1921 pour la seconde, Yvonne et Renée Limasset épouseront les deux frères, Jean et Pierre.
Sur la photo de droite, on reconnaît, de gauche à droite, Yvonne (14 ans), Renée (bientôt 11 ans), Suzanne derrière (16 ans), et Marguerite (20 ans). Il ne manque sur cette photo que Geneviève (22 ans), qui s'est récemment mariée, le 15 décembre 1908, avec un ami de son frère André, Charles FANDRE, de 9 ans son aîné, ingénieur des arts et manufactures. Ils sont établis à Reims où Charles travaille chez Walbaum avant d'entrer, mais ce sera en 1910, dans la Maison Poullot comme ingénieur-directeur de l'usine de la rue Saint-Thierry (au moment où son beau-frère André Limasset la quitte pour rejoindre l'entreprise parisienne Alliot et Rol.
Ci-dessus, à gauche Jean Monet, puis Suzanne Limasset, Marguerite Monet, et, derrière, Pierre Monet, puis, encadrant Yvonne Limasset, Jeanne et Andrée Guibal, en robe identique à ceinture foncée (autres amies de Laon, fille d’un autre collaborateur de Lucien Limasset) et enfin, à droite, Marguerite Limasset.
On retrouve les mêmes, en 1909, en promenade dans la forêt de Fontainebleau (ouvrir la fenêtre)
Ces images de vacances et de détente n’empêchent pas les distractions intellectuelles d’avoir une large place dans le développement de la famille. Le mélomane qu'est Lucien Limasset sait aussi entraîner ses enfants : on fait beaucoup de musique d'ensemble en famille. Ainsi, par exemple, Geneviève, l'aînée tient-elle l'alto dans l'orchestre familial, où elle peut aussi occuper le piano, quand ce n'est pas Marguerite qui peut aussi tenir le violon! Suzanne choisira cet instrument, le violon, et sera vite capable de tenir le rôle de 1er violon dns l'orchestre... Mais nombreux sont aussi les amis conviés à faire de la musique de chambre. Lucien Limasset réussit même à grouper des exécutants issus de tous les milieux sociaux. Un ensemble chœur et orchestre s’est constitué autour de lui qui donne de très beaux concerts.
C'est également à Laon que Lucien Limasset, alliant ses qualités de mathématicien à celles de musicien, s'est lancé dans une étude intéressante et ardue sur la « Théorie rationnelle du mouvement mélodique des sons» (Editée chez Matot-Braine à Reims vers 1909). Il profite, en 1906, des quelques mois d'immobilité forcée que lui cause une grave maladie, pour mettre au point ce travail difficile. Il a préparé également auparavant, au cours de ses loisirs - et déjà lors de son séjour à Châlons - une étude théorique sur l'électricité, travail précurseur intéressant qui, faute de temps, n'a jamais été édité, les réalisations en ce domaine ayant rapidement dépassé les vues de l'auteur, qui en conserve cependant une certaine fierté.
Voici comment, vers cette époque, est décrit, au physique comme au mental, Lucien Limasset :
"Lucien Limasset est de petite taille, assez mince à cinquante ans pour endosser encore son uniforme de polytechnicien - l'habit, que sa promotion fut la dernière à porter -; très bon gymnaste au lycée, il conserve toujours une démarche souple et rapide. Ses cheveux, noirs et bouclés dans sa jeunesse ont fait place ensuite à une large calvitie; son teint est brun, et ses yeux foncés ont viré au gris dans l'âge mûr. Ses traits sont réguliers, sa barbe allonge à propos un menton un peu court. Le visage est viril, et empreint d'une noblesse naturelle, un air sérieux et grave achève de donner du caractère à l'ensemble dont l’affabilité ne se dément jamais ... et cela s’épanouit parfois en une gaité exubérante. C’est dans le regard qu’il est tout entier : regard perçant, perspicace, sans détours, brillant d’intelligence, mais plein de cœur, de don de soi. Aussi instruit en théologie à l’école de ses oncles, qu'il était doué en mathématiques et en musique, …son comportement familial et social est imprégné de générosité et de modestie. Cette modestie alliée à sa grande valeur est un charme auquel beaucoup sont sensibles…"
Pour la fin des études supérieures, les grands sont obligés de quitter la maison familiale. Ils vont d'abord au lycée de Reims, où ils se trouvent encore un peu en famille chez les grands-parents, et d'où ils viennent facilement à Laon. Ensuite certains partent à Paris, à Saint-Louis ou à Louis-le-Grand. Mais le port d'attache et le centre d’attraction restent pour longtemps encore la rue Saint-Cyr.
C’est surtout le « tennis du Grand Jardin», grand point de réunion dont le souvenir devient légendaire à Laon. Les réunions, quotidiennes en été, permettent aux jeunes officiers de la garnison, amis des garçons, de se retrouver lorsqu'ils font leur année de service à la sortie des Grandes Ecoles.
André, le fils aîné né en décembre 1881 suit à partir de 1901 les cours de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, dont il a préparé l’entrée dans les classes spéciales du lycée de Reims. Le second, Joseph, né en février 1883, est reçu en 1904 à l’Ecole Polytechnique après avoir suivi une classe préparatoire à Reims et la suivante au Lycée Louis le Grand à Paris. Le 3ème, Jean, né en mai 1884 et … encore plus brillant ! est reçu simultanément, après une année de classe spéciales à Reims, à Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure, comme son père avant lui. Et comme son père il hésite puis choisit Polytechnique quitte par la suite à regretter parfois de ne pas avoir choisi l’enseignement. Les mathématiques pures en particulier sont sa grande passion. Enfin, Marc, 4ème fils né en octobre 1885, plus remuant, termine ses études secondaires à Paris, au Lycée Saint-Louis, et, reçu à Saint-Cyr en 1905, il en sort dans l’infanterie coloniale. Son côté aventureux s’accommode parfaitement des expéditions africaines qu’il est appelé à conduire avant la mobilisation de 1914 (Moyen Congo et Gabon).
Joseph, Jean, et Marc dans l’uniforme de leur école respective (Polytechnique pour les 2 premiers, Saint-Cyr pour Marc
En 1904, André et Jean se retrouvent pour leur service militaire au 29ème régiment d’artillerie, à Laon.
Une carte postale datée de 1906 montre ce fameux régiment défilant dans les rues de la ville sous le regard des passants :
La présence à Laon d’André et de Jean amène encore un peu plus d’animation rue saint-Cyr. Afin que les jeunes militaires puissent recevoir leurs amis, Lucien et Angèle font aménager au fond du jardin ce que l’on appellera la « salle de billard ». Les étés 1904 et 1905 voient les plus grands moments du tennis du « grand jardin »… (Marguerite parle de tout cela dans son texte sur la vie de sa famille à cette époque - voir plus haut)
Par ses qualités intellectuelles, les études brillantes des aînés, l’éducation des autres (même si l'époque était encore un frein à des études plus poussées pour les filles - Suzanne, obtient sans difficulté son brevet supérieur, mais elle n'aura pas la possibilité, comme elle l'aurait voulu de passer le bacalauréat!) la musique, les loisirs organisés de façon à favoriser rencontres et fréquentations des jeunes autour du noyau familial, et, par conséquent, sous l’œil bienveillant des parents, les randonnées entre amis, les vacances à la mer ou les voyages, tout ceci témoigne bien sûr d’une aisance financière, mais au-delà de cela, d’une grande ouverture d’esprit.
Après une année de stage en Allemagne où il se spécialise et se perfectionne dans les écoles de filature, André entre en 1906 comme ingénieur à la Maison POULLOT, chez son grand-père paternel. Il y restera jusqu’à son mariage en 1910. Joseph, lui, plus attiré par la technique que par l’armée dont son passage à l’école polytechnique lui ouvrait une belle carrière, entre au « service de la Traction » au Chemin de Fer du Nord.
Durant leurs années d’école, les deux frères ont beaucoup fréquenté la famille ROL. Ce sont des amis de Laon installés à Paris depuis qu’en 1897 Eliacin Rol, pharmacien à Laon, et époux de Juliette ALLIOT, est venu s’associer avec son beau-frère René ALLIOT pour la direction commerciale de la manufacture de fils et câbles électriques Alliot, Rol et Cie. (usines de Reuilly et de Bohain). Les ROL ont deux fils : Louis, l’aîné, ami des garçons, qui fait sa médecine, et René, plus jeune. Mais ils ont aussi deux filles, Jeanne et Marcelle et….
… le 21 janvier 1910, à l’église Saint Ambroise à Paris, a lieu le double mariage d’André Limasset avec Jeanne Rol et de Joseph Limasset avec Marcelle Rol. On est en plein dans la mémorable crue de la Seine qui a inondé des quartiers entiers de Paris, ce qui n’a pas facilité l’arrivée des nombreux invités.
Malgré cette crue malencontreuse, ce fut un beau et grand mariage, et cela nous vaut de diposer de quelques portraits de personnes rencontrées dans cette histoire de la famille ou dont le nom évoque quelquechose pour certains.
Au sortir de la messe de mariage, on croise, les parents des mariés :
1e vignette à agrandir: Lucien, le père des mariés, est accompagné de Juliette ROL (née ALLIOT), mère des mariées. Derrière eux on aperçoit Eliacin ROL, père des mariées et Angèle LIMASSET, mère des mariés.
2e vignette: Marie ALLIOT, née VERSTRAET, épouse de René ALLIOT, est accompagnée par le docteur Peyrot, un cousin d’Eliacin ROL.
3e vignette: Jules Person est le fils d'Ovide PERSON et de Irma, née POULLOT, soeur cadette de "Papa Jules" et tante d'Angèle LIMASSET. Madame Albert SENECHAL qui lui tient le bras est née Jeanne DAUTHUILLE. C'est donc une cousine du côté de Juliette, la mère des mariées (les familles Alliot et Rol entretiennent avec les Sénéchal de très étroites relations)
4e vignette: Thérèse ALLIOT, soeur cadette de Maurice et nièce de Juliette, est accompagnée d'un lieutenant fringant, du nom de Balourdet...
5e vignette: Arthur KLEIN est au bras de Thérèse SORLIN, qui va devenir incessamment sa première épouse, une grande amie de Marguerite Limasset. Mais Arthur, veuf peu de temps après ce premier mariage, va épouser Marguerite en 1912 et entrer ainsi dans la famille Limasset. Il est avoué à Laon.
6e vignette: Le Docteur René JACQUINET est le mari de Jeanne (née POULLOT), la plus jeune des soeurs d'Angèle LIMASSET. C'est donc un oncle par alliance des mariés. Il est en compagnie de Madame Frédéric BERTRAND. Les BERTRAND sont de grands amis de la famille ROL et de la famille LIMASSET. Ils habitent à Laon. Leur nom sera évoqué dans les courriers échangés entre Maurice et ses parents pendant la grande guerre.
7e vignette: Frédéric BERTRAND est accompagné de Madame Emile Baty (?).
8e vignette: Madame Henri ROGIER, née Louise BOULOGNE acompagnée de (?). Derrière elle, à droite de la photo, Jeanne SENECHAL, née DAUTHUILLE (voir 3e vignette)
9e vignette: Madame Charles ROGIER. Son accompagnateur n'est pas identifié. par contre, derrière eux on aperçoit le visage du cousin et très cher ami de René Alliot: Henri ROGIER
10e vignette: Au bras d'un certain Monsieur Chédaille, voici Melle Germaine ROGIER, qui deviendra Germaine BOUTIN, dont parlait beaucoup Thérèse Alliot, comme elle parlait d'Elise Vimal-Dumonteil...
Pour retrouver les liens de parenté (en fait assez lointains, entre la branche ALLIOT-ROL et les SENECHAL ou les ROGIER, il faut remonter aux ancêtres GUYARD, DAUTHUILLE, ...etc. Le plus simple est d'ouvrir le lien qui présente ces liens de famille!
Mais revenons à ce mariage fameux. Les rues étaient déjà inondées comme on les voit ici !
Pour Maurice (21 ans) et Suzanne (16 ans), ce sera un jour très spécial. Leurs familles respectives viennent de s'unir par les liens du mariage de Jeanne, Marcelle, André et Joseph! Aussi, parmi les "garçons et filles d’honneur", il n’est pas surprenant de voir ensemble Suzanne, sœur des mariés, alors âgée de 17 ans, et Maurice, 21 ans, cousin germain des mariées puisque leur mère, Juliette, est la sœur de son père René ALLIOT...
Mais revenons à Lucien :
Au bout de 19 ans d’intense activité à Laon, Lucien serait bien resté dans cette ville où la famille Limasset s’est si bien intégrée.
Presque tous les enfants ont fini leurs études. Les quatre fils, dont deux sont désormais mariés, ont commencé de belles carrières. Deux filles maintenant sont mariées, Geneviève est à Reims, et Marguerite est à Laon. Suzanne est encore à la maison. Quant aux deux dernières, elles terminent leurs études au Collège. Lucien Limasset, malgré son vif désir de rester à Laon doit, pour terminer sa carrière, accepter un poste d'Inspecteur Général à Paris , puisqu'à cette époque il n'y en a pas en province. Il est promu à ce grade en 1913, chargé de l'inspection de la région du Sud-Est. La même année, on lui confie en outre la chaire de Professeur, à l'Ecole des Ponts, du « cours de routes et voies ferrées sur chaussées » . Nul n'est plus qualifié pour cet enseignement que l'éminent ingénieur qui vient de consacrer trente cinq ans de sa carrière à la réalisation de ces problèmes sur le tas: son enseignement va faire date et son cours imprimé restera en usage pour plusieurs promotions de l’Ecole des Ponts et Chaussées, même après son départ. A noter que son goût pour le professorat, qu'il tenait de ses parents, lui a fait souvent regretter de ne pas avoir opté pour Normale.
C'est avec enthousiasme que Lucien Limasset accepte ces nouvelles fonctions où il se donne complètement. Il reçoit la Rosette d'Officier de la Légion d'Honneur en 1913.
Bien qu’ils s’installent à Paris, rue de la Cerisaie (11ème), Angèle et lui conservent néanmoins la grande maison de Laon, qui restera le point de ralliement des vacances et vers laquelle ils pensent retourner vivre lors de la retraite de Lucien. La famille Limasset s’est constitué un cercle de très bons amis, soit par les relations des parents, soit par les camarades des enfants. Des attachements solides se sont créés qui, dans l'avenir, à Laon, à Paris ou ailleurs auront d’heureuses conséquences.
Les plus jeunes des filles accompagnent parfois leurs parents en soirée, ou au cours des voyages-tournées organisés par le P.C.M. (sigle de l'Association des Ingénieurs des Ponts et Chaussées et des Ingénieurs des Mines) en Suisse, en Italie, dans les Alpes ou dans les Pyrénées. On y rencontre des familles amies et collègues de Lucien, et des courants de sympathie se créent. On y retrouve en particulier la famille Monet, dont témoignent les photographies de ces séjours du P.C.M. C'est ainsi que Suzanne a pu faire aussi un séjour à Londres avec son père.
Eté 1913- Dans les Hautes Pyrénées (Villefranche de Conflant à gauche - Cirque de Gavarny à droite) avec les Monet
Inexorablement, on s’approche de l’année 1914. Pourtant, la vie se déroule normalement avant que les événements ne s’emballent. Fin 1913, à Noël, on fête les fiançailles de Suzanne et de Maurice Alliot, qui se sont revus à de maintes occasions. Le mariage est même prévu pour la fin du mois d’octobre 1914… (il n’aura lieu qu’en Août 1915).
15 jours avant la déclaration de la guerre a lieu, le 14 Juillet 1914, le baptême de Thérèse Klein, née le 12 juin de la même année, deuxième enfant d’Arthur et de Marguerite, après Jacques, né le 18 mai 1913 : Les deux photos suivantes montrent, pour la dernière fois avant longtemps, la famille réunie à Laon, chez les Klein, 11 rue du Cloître.
Sur la première photo, malheureusement un peu pâlie sur les bords, on reconnaît quand-même à gauche André Limasset, la belle sœur d’Arthur tenant la petite Thérèse Klein en robe de baptême, le père d’Arthur, André Jacquinet, Arthur Klein, Marguerite Rousseau-Poullot et son mari Albert Poullot, de biais, Yvonne Limasset, puis au fond, Jeanne Jacquinet, à côté de laquelle se tient Geneviève Fandre. Devant, assise, Madame Klein mère. Assise sur la pelouse, Renée Limasset. Jacques Klein est sur les genoux de sa mère Marguerite. Surplombant le groupe, Angèle Limasset et son père Jules Poullot, et Madame Brisset, Adèle Poullot est assise auprès de Marguerite. Parmi le groupe d’hommes au fond à droite de la photo, Monsieur Rousseau (c'est le père de Marguerite Poullot, elle-même femme d’Albert, le frère d’Angèle), puis Charles Fandre et, de biais, Lucien Limasset ; enfin, tout à fait sur la droite de la photo, Jeanne Rol-Limasset et Suzanne Limasset.
Sur la 2ème photo, ci-dessus, on voit de gauche à droite, sur le toit, Charles Fandre (mari de Geneviève Limasset), Pierre Jacquinet (fils aîné de Jeanne Jacquinet, sœur d’Angèle Limasset), Suzanne Limasset. Debout, Madame Brisset, fidèle amie de la famille, Angèle, Alexandre Klein (père d’Arthur ?) Lucien Limasset, Marthe Klein (mère d’Arthur ?), Georges Klein (frère d’Arthur ?), Yvonne Limasset, Jeanne Jacquinet, et juste au dessus d’elle, son second fils André. Devant eux, toujours en partant de la gauche, Marguerite Klein, sa belle-mère qui tient la petite Thérèse. Assis au sol, André Limasset, au dessus duquel sont assis les grands-parents Poullot, Jules et Adèle, debout, Jeanne Rol-Limasset, épouse d’André, assise à sa gauche, la femme de Georges Klein (belle-sœur d’Arthur ?), puis, Arthur lui-même, le père de la jeune baptisée, juste au dessus de lui, Renée Limasset et à côté d’elle Geneviève Fandre-Limasset tenant sur elle son neveu, le jeune Jacques Klein. Enfin, tout à fait à droite de la photo, Monsieur Rousseau, père de Marguerite Poullot (femme d’Albert, le frère d’Angèle).
Le décor familial est en partie planté alors, les uns à Reims ou à Laon, les autres dans le nord ou à Paris.
Lucien et Angèle sont donc à Paris, 13 rue de la Cerisaie, lorsque la guerre de 1914 devient, peu après, une réalité. Les fils, les gendres, de nombreux collègues et amis, sont mobilisés…