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ANNIE, DE 1916 à 1940

Première partie

Annie ALLIOT, de 1916 à 1940

Elle est née le 21 août 1916, jour aniversaire du mariage de ses parents. Son papa, en convalescence après une seconde blessure et des semaines passées dans un hôpital militaire, a justement une permission ce jour là. Arrivant à Paris chez les parents de Suzanne, rue de la Cerisaie, il croise sa belle soeur Jeanne Rol en bas de l'immeuble et apprend qu'il est papa!

1916-08_naissance-annie    1917-03_SU-AM   1917-06_AM

Mais les retrouvailles vont ensuite être brèves et ponctuelles, et Maurice verra grandir une petite fille qui lui semblera différente à chaque fois. Il lui écrit son premier courrier, mettant dans sa bouche ces paroles (ouvrir dans une nouvelle fenêtre pour lire):

Carte à Annie  Carte à AM, 22/11/1916

Quelques mois plus tard, en avril 1917, Maurice écrit à ses parents: "Suzanne m'a dit que ma fille montre de grandes aptitudes au chant et au piano"..... Elle pèse 9 kilos, lui a aussi écrit Suzanne."Elle a passé le poids des gros lapins !" estime alors le papa!

Annie, début 1917

Pour les fêtes de fin d'année 1917, Maurice est loin des siens. mais il espère que l'année 1918 lui donnera un joli petit garçon, ou une petite fille. Suzanne en effet attend un second enfant pour le printemps. Maurice est inquiet. Des bombardements ont déjà eu lieu sur Paris : Des avions allemands aux croix noires, les "Taubes" avaient déjà lancé quelques bombes en août-septembre 1914 sans faire trop de dégâts. Mais cela a changé avec la venue des "Zeppelins", puis des " Gothas " et enfin des obus...En ce début d'année 1918 l'arrivée des gros bombardiers dans le ciel parisien est annoncée par des sirènes. Puis la "berloque" sonnée par les clairons montés sur des voitures du corps des sapeurs-pompiers sonne la fin de l'alerte. La population de Paris, en cas d'alerte, se réfugie si elle le peut, dans des stations de métro ou les caves des immeubles. Mais le pire arrive le 23 mars, un samedi. Car c'est à 7h 20 du matin qu'un premier engin éclate devant le numéro 6 du quai de Seine. Puis de 20 minutes en 20 minutes, se succèdent de nouvelles explosions violentes : pourtant le ciel est vide...!!! Paris se trouve sous le feu d'un canon allemand (et même de 3): Un gros éclat trouvé à proximité d'un des lieux d'explosion en apporte la preuve. Il est clair que "l'ennemi a tiré sur Paris avec une pièce à longue portée. Ce sont des obus de 240 qui ont atteint la capitale et la banlieue", annonce un communiqué officiel. "Il y a une dizaine de morts et une quinzaine de blessés." Il s'agit d'une pièce dont la fabrication a eu lieu chez Krupp, à Essen. Les Parisiens vont baptiser ce monstre la "Grosse Bertha", du nom de la fille de Krupp. Si les canons ne tirent que de jour, c'est pour éviter d'être repérés. Le 29 mars, un obus perce la voûte de l’église Saint Gervais où a lieu l’office du vendredi saint. Il y a plus de 100 morts et des dizaines de blessés. On comprend l'angoisse de Maurice pour les siens.

Suzanne et Annie à ChamalièresMais Suzanne, dont le terme approche, a rejoint Geneviève, sa soeur aînée, à Chamalières avec Annie : c'est le 2 mai que vient au monde le petit frère Henri, à la grande joie d'Annie.

Henri, 2 mai 1918  Henri, 2 mai 1918, avec la sage-femme  La grande soeur

En octobre 1918, uHenri et Annie à Cannes, 1918n mois avant l'armistice, Maurice tombe malade. C'est la grippe espagnole... Il est soigné dans plusieurs hôpitaux militaires, passant par des épisodes de complications pulmonaires. Puis c'est la convalescence à Cannes, fin novembre où il connaît un peu de répit avec sa petite famille venue le rejoindre, premiers moments de vie commune avec Annie, qui peut-être a trouvé là sa vocation de future infirmière??

Mais il faudra encore attendre mars 1919 - il est "mis à disposition de la Maison Alliot et Rol, 38 rue de Reuilly à Paris, pour la reconstitution de son usine de Bohain (Aisne)" avec un congé sans solde, complété le 7 avril 1919 par un congé illimité de démobilisation. Une vraie vie de famille commence pour Annie, à 2 ans et 5 mois, et son petit frère, dans le petit appartement que Suzanne a aménagé au 13 Bd Henri IV avant le retour de Maurice.

Presque 90 ans plus tard, à la suite d'une visite qu'Henri rend à maman aux Hespérides à Caen, tous deux continuent à évoquer dans un échange de courriers, leurs plus vieux souvenirs, en particulier ce dont ils se souviennent du boulevard Henri IV.

Annie et HenriHenri (extrait de sa lettre du :
Le Boulevard Henri IV...je peux faire le plan de mémoire [..]. Nous occupions la chambre du fond du couloir dont les fenêtres
donnaient sur la cour de Massillon et l'on voyait les élèves courir pendant les récréations; papa était agacé par la cloche matinale et avait offert à l'école une sonnette électrique, certainement plus pratique mais tout aussi sonore (j'ai pu le constater puisque j'y ai été moi-même élève par la suite). Nous jouions dans notre chambre autour d'une petite table ronde, peinte en blanc, avec des raies rouges, et avions chacun une petite chaise. En face de la porte de notre chambre, il y avait celle où couchait tante Renée quand elle venait à Paris. Le couloir était courbe et desservait la salle de bain et la chambre des parents. Sur le mur opposé aux portes, il y avait le téléphone, accroché au mur, et un jour où les réparateurs étaient venus, on nous avait recomandé de ne pas faire de bruit, sans quoi ils nous emporteraient dans leur sac.... Le couloir débouchait sur le hall d'entrée, et, à droite, il y avait le salon, puis la salle à manger, dans le buffet de laquelle il y avait des assiettes et de la confiture. J'avais exercé mes talents de peintre et avais fait de très beaux dessins sur les assiettes blanches, avec la confiture rouge....maman n'avait pas du tout apprécié!
 [...] Par la fenêtre de la cuisine, on voyait les voisins d'en face, les petits "Morillon", dont une fille a épousé plus tard mon ami André Poupinet... Je me souviens qu'un jour où maman n'étais pas encore rentrée, tante Thérèse avait sonné et tu as du monter sur une chaise pour pouvoir lui ouvrir. On nous emmenait promener au Jardin des Plantes: nous prenions dans nos bras nos poupons en celluloïd, le tien habillé de rose, le mien habillé de bleu. Arrivés sur le Boulevard Henri IV, on voyait les vieux taxis Renault (ceux de la bataille de la Marne qui avaient transporté les soldats français pour faire face à l'avance allemande); grand-père Alliot en a acheté un vieux par la suite pour le faire transformer par Choiseau en camionnette, permettant de transporter le bois dans la propriété de Neuvy (lettre à Annie).

Annie (extrait de sa réponse à Henry, recopié et conservé dans ses notes): 
"à l'boulvard henri IV", disait-on, quand on parlait du boulevard Henri IV, mon frère et moi..
Je me souviens des assiettes peintes avec de la confiture, et aussi plus tard, à Brunoy, (que) "tu avais mis du miel dans le nombril du bronze de la salle à manger. Mais, plus grave, quand tu avais dit à maman que tu avais jeté les clés par la fenêtre, à Paris. Ne trouvant rien sur le trottoir, elle était allée au commissariat et... retrouvé ses clés sous son matelas, le soir" ( ... )  J'ai des souvenirs de mes colères, comme une fois, en pleine réception, en pensant que ma mère ne m'avait pas mis le noeud de ruban dans les cheveux comme promis! [...] Nous avions une "bonne à tout faire" - terme utilisé à l'époque, et qui n'était pas péjoratif - "elle nous emmenait au Jardin des Plantes".

Au début des années 1920 Maurice et Suzanne quittent le boulevard Henry IV pour aménager à Brunoy, 7 route de Brie, dans une belle et grande maison précédée d'un jardin d'agrément et derrière laquelle s'étale un vaste potager. La santé délicate de Suzanne s'accomode mieux de la nature et du grand air (Henri dans une de ses lettres à Annie se souvient que l'oncle Louis Rol, médecin, fils aîné de Juliette et d'Eliacin, venait souvent boulevard Henri IV).
Maman est une petite fille. À l'époque, on ne croit pas au père Noël : d'ailleurs les "étrennes" c'est au 1er de l'an que cela se passe. Et les enfants écrivent au petit Jésus, comme maman, qui aimerait avoir, pour elle et ses poupées Jacqueline et Paulette (agrandir l'image) :

Mon petit-Jésu
Je voudré pour cette année
une mapmond grosse comme une
pomme, un fautelle pour Jacqueline
des chaussette blanche pour Paulette
si il y en a de trop cet chausette qu'il
faut suprimer.

 

La vie à Brunoy est ponctuée par de réguliers séjours en bord de mer, déjà ! puis à Neuvy, que René et Marie Alliot viennent d'acheter : une période où l'on retrouvera plus de détails sur la vie familiale d'Annie et de sa famille, sous le chapitre consacré à Maurice et Suzanne, au cours des années 1919 à 1925
Quelques illustrations ci-dessous :

Pornichet, mai 1920:

Pornichet_1920  Pornichet 1920 _2  Pornichet 1920 _3

Neuvy, Bois-Réaux, Pâques 1921

Neuvy, Pâques 1921  Pâques 1921

ou à Grasse, printemps 1922

Grasse 1922 Suzanne et Annie  Grasse 1922, Maurice et Annie  1923 - Promenade à Saint Césaire La visite

Anne-Marie a pris goût au maniement de l'encre et de la plume :

En octobre de cette année 1922, il faut songer à inscrire les enfants à l'école. Il n'est pas question de les mettre à l'école communale, encore mal vue. Annie est donc inscrite dans une école privée dont elle garde un assez mauvais souvenir "une école assez minable" écrit-elle, qu'elle quitte au début du printemps car elle tombe malade. Très malade. En particulier cette nuit du 30 mars 1923 que Suzanne va passer à empêcher sa fille de s'étouffer.
"Maman avait passé la nuit avec une pince à te retirer les peaux qui t'étouffaient" se souvient Henri (lettre à Anne-Marie, avril 2008). Le lendemain matin, les choses semblent aller mieux. Et puis justement, c'est dimanche, jour de Pâques (1er avril 1923), et l'oncle Louis Rol vient déjeuner à Brunoy. Heureusement, car après un rapide examen, Louis dit à Maurice et à Suzanne : "Si elle semble aller mieux, c'est qu'elle est en train de partir !" Et, sans attendre, accompagné de Maurice, il file à Paris, fait immédiatement identifier la diphtérie à l'Institut Pasteur et revient dans l'après-midi avec le sérum qui va sauver Annie.

"Après ma diphtérie", raconte-t-elle, "mon grand-père est venu me chercher pour m'emmener à Neuvy par le train. Il est descendu sur le quai à Montargis pour acheter une boisson, et j'ai eu très peur que le train reparte sans lui. J'étais si faible que grand-mère et tante Thérèse attendaient à la gare avec la charette en bois pour monter à Bois-Réaux".

Puis la vie reprend son cours, Brunoy et Neuvy sont des lieux privilégiés pour de grandes rencontres familiales, ainsi que Laon, Reims, Bohain ou Paris : on sait l'importance qu'a pu avoir pour notre maman la fréquentation de ses nombreux cousins et cousines ! À retrouver dans les chapitres du site consacrés à Maurice et Suzanne, ou encore à Neuvy "Bois-Réaux". 


Lettre d'Annie à son papa pour aller à Bohain (Agrandir)
 

Le collège d'Hulst

Pour Annie, reste le problème de l'école. On sait que son expérience dans la première école de Brunoy n'a l'a pas convaincue. Henri, plus tard, sera inscrit à Paris, à Massillon, mais pour l'heure, on s'arrange : "Henri et moi, n'allant pas à l'école, avons pris des leçons chez un instituteur à la retraite. Arrivée au niveau de la sixième, j'ai été inscrite dans une succursale du Collège d'Hulst à Brunoy. Il y avait peu d'élèves et pas de classe de 6ème. J'ai été mise en 5ème, mais le niveau était si faible que nous avons du redoubler la 5ème. Il m'a fallu attendre la seconde pour avoir de bons professeurs qui venaient du collège d'Hulst de Paris !". Le collège d'Hulst de Brunoy est une des succursales de celui de Paris, installé dans une des belles propriétés construites à Brunoy au cours et à la fin du second empire par des industriels, artistes et bourgeois fortunés.Joli cadre, mais où seules les dernières années d'étude lui ont laissé de bons souvenirs (plus bas, série de photos de spectacles de théâtre, où maman figure dans différents rôles et costumes.
(Annie, souvenirs):" je n'avais pas d'amies...
heureusement j'ai été souvent accueillie chez Tante Jeanne et Oncle André rue Chanzy, dans un pavillon derrière lequel il y avait un jardin, et surtout chez tante Marcelle, épouse du frère de ma mère, Joseph Limasset , dans un bel appartement rue de Médicis, donnant sur le jardin du Luxembourg...."
Maman a conservé un attachement très fort pour les filles de Marcelle et de Joseph, Madeleine (Demars), Andrée (Brunet) surtout, devenue ma marraine, Françoise (veuve en 1940 de Jean Rime) entrée au couvent du Bec-Hellouin, prétexte à de grandes réunions familiales annuelles pendant des années, et Denise (Guillaume).

En 1928, la famille s'agrandit avec la naissance de Françoise, le 7 mars, pratiquement 10 ans après la venue au monde d'Henri. Puis, le 6 février 1930 vient le tour de Lucienne, et enfin, le 1er novembre 1933, celui de Bernard.

été 1928: Annie, Henri et FrançoiseLes mêmes avec marie Alliot1930: Annie, avec Françoise et Lucienne

Été 1928, à Brunoy (photo de gauche), puis Neuvy (centre )  et 1930,à Brunoy : Annie tient dans ses bras ses 2 petites soeurs (photo de droite),

Les 3 photos ci-dessous (à agrandir) illustrent l'année 1932, avec, à gauche, des amies du Collège d'Hulst encadrant Annie,
et l'été à
Littlehampton chez Mrs Young (2e photo Annie au centre, 3e photo, de dos)

À 17 et 18 ans, maman obtient la 1e et la 2e partie du Bac A - Lettres classiques Philosophie, puis doit prendre une année sabbatique, trop jeune encore pour l'entrée à l'École d'infirmières de Montrouge. Année mise à profit pour suivre des cours d'anglais, de sténo, de comptabilité, de couture et de cuisine à la Chambre de Commerce franco-britannique de Paris.

1933, 1934, 1935, les plus jeunes s'amusent .... Annie aura bientôt 20 ans et elle est très jolie !

Visite des Monet à Brunoy 1935, Brunoy, avec Françoise Limasset

L'École d'Infirmière

Le 1er octobre 1935, à 19 ans, Annie est inscrite comme élève interne de 1e année à l'École professionnelle d'Assistance aux Malades, 11 rue du 11 novembre, à Montrouge. L'année est ponctuée de stages dans différents domaines et en différents lieux : médecine, chirurgie, soins aux femmes et aux nouveaux nés, contagieux, spécialités diverses (dispensaire Amyot, Hôpital Cochin, Hôpital Laënnec, Hôpital Broussais, Hôtel-Dieu, Hôpital Trousseau et autres.. ). Les appréciations des chefs de service sont excellentes.

Au bout de 2 ans, est délivré le diplôme d'état intitulé Brevet de capacité professionnelle d'Infirmière Hospitalière. Puis c'est la 3e année, de spécialisation en assistance sociale. Les matières d'enseignement sont la tuberculose, les lois d'assistance, l'obstétrique, l'hygiène, et l'hygiène infantile. Stages au sanatorium de Bligny, dans une école de puériculture, un groupe scolaire du 17e, l'association d'hygiène sociale de l'Aisne, un service social en hôpital ou le dispensaire d'hygiène sociale du Ve arrt, etc. Ces formations débouchent sur l'accès à l'Examen d'Etat de Visiteuse de Tuberculose et de l'Enfance - 17 novembre 1938. Annie obtient la mention bien, elle est 7e sur les 43 candidates et les 2 brevets d'Infirmière Visiteuse de la Tuberculose et d'Infirmière Visiteuse de l'Enfance lui sont officiellement décernés par le ministère de la santé.
L'école (façade ci-contre ) est un endroit dont maman gardait un souvenir heureux. Quelques pages écrites alors (1935) témoignent de l'ambiance, mise en chanson par les élèves : extraits sur un quelques pages de cahier de la main de maman

Toutes ces années laissent aussi place à de nombreux moments de détente et à des vacances en famille, et/ou avec des amis. L'été, c'est la mer ou la montagne, généralement en famille. Dans ses notes, maman récapitule : étés 1930 et 1931, Villard de Lans, 1932, séjour à Littlehampton chez Mrs Young, 1934, Saint-Agrève (Ardèche), entre 1934 et 1937, des photos montrent la famille à Saint-Cast, Saint-Brévin ou encore Sables d'Or. 1938 Servoz en Haute-Savoie (photos ci-dessous), et 1939, Saint Gervais (avec un départ précipité par la mobilisation pour Maurice et Annie),  mais aussi les sports d'hiver à Saint-Bon (Courchevel) en 1935. Aux Gets en 1936, étaient là "entre autres", Anne-Marie et Henri Alliot, Marie-Jeanne Tanqueray (c'est elle qui a croqué les dessins c-dessous) et Marie-Louise sa soeur, René Laroche, Jean et François Couder, Loulette Monvoisin et Paul. Puis, Notre-Dame de Bellecombe en 1937.

 

 

Au cours de ses derniers mois de formation et à la fin de celle-ci, en 1938, et jusqu'à l'été 1939, maman a noté ses sorties culturelles (hors conférences sur les sujets sociaux et de santé). Elles sont étonnemment nombreuses et riches et mettent en avant des réalisations et des interprètes bien connus de l'époque ! Sortir à ce rythme était-il courant à l'époque à Paris ?

- Jeudi 13 janvier 1938 : Théâtre "la guerre de Troie n'aura pas lieu" avec Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée
- samedi 15 janvier : Exposition Goya à l'Orangerie
- samedi 5 février : voyage au Ballon d'Alsace
- mercredi 2 mars : Concert Bach Haydn, avec Lola Bobesco (violoniste connue, dont on trouve des interprétations sur youtube !)
- mercredi 16 mars, cinéma : "La Mort du Cygne", ballets à l'Opéra
...... (sorties et visites de sites avec des amies de l'école)

-  31 Juillet départ pour les vacances à Servoz (longue liste d'excursions) retour le 7 août pour un stage à Soissons
- vendredi 19 novembre : cinéma "Blanche Neige", dessins animés en couleur ! charmant ! (le film est sorti en France vers le mois de mai 1938)
- et Théâtre "Balalaïka" à Mogador. Opérette pleine de vie, jolis balais  (est-ce voulu maman ?)  ...
- Mardi 20 décembre: cinéma "Entrée des artistes" film banal, bien joué par L. Jouvet et C. Dauphin
- jusqu'au 3 janvier sports d'hiver.

Servoz, été 1938

1939
- samedi 7 janvier Concert par l'orchestre Colonne: Schubert, Beethoven, Stravinsky, Rimsky-Korsakov, Chopin et Strauss
- 10 janvier : Théâtre "la terre est ronde" à l'Atelier, pièce montée par Charles Dullin
- Concert Colonne: Bach, Mendelssohn, Schumann et Liszt
- mercredi 25 janvier : cinéma "Remontons les Champs Elysées" de Sacha Guitry - les Elysées de Louis XIII à nos jours.
- samedi 28 janvier : concert T.S.F.  (Conservatoire et Concert Colonne)
- mercredi 1er février: Théâtre "Le Corsaire" à l'Athénée avec Louis Jouvet
- mardi 7 février: cinéma "Trois Valses" 1880, 1900, 1930 avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay

- jeudi 9 février : Théâtre "1e Légion" au Vieux Colombier
- le lundi 13 février : Conférence "La situation de la femme en Afrique". Conférence faite par une soeur blanche, licenciée en droit, sur la situation tellement immorale et inhumaine de la femme en Afrique. Elle est vendue à son mari quand celui-ci, dans certaines régions, a déjà plusieurs femmes; autrepart, le père trouvant un "fiancé" plus riche que son gendre actuel, reprend sa fille à ce dernier qu'il rembourse et la revend. Projections montrant l'oeuvre des soeurs blanches, orphelinats, écoles où l'on apprend à le femme sa dignité, sans toutefois en faire une déclassée, hôpitaux, dispensaires, consulatations de nourrissons, tournées ou visites "à domicile" permettant de pénétrer et d'agir au coeur de cette population. Conclusion par le ministre Louis Marin qui présidait : rôle qu'ont les missions non seulement en matière de religion, mais au point de vue de l'action civilisatrice que doit exercer la France dans ces colonies (........) l'action profonde qu'elles exercent complète heureusement les trop rapides conquêtes, et le prestige qu'ont les indigènes pour la France leur est dû".

- 15 février au 2 mars : voyage sur la côte d'Azur : Nice, Monaco, Monte-Carlo, Antibes, Juan les Pins, cannes, Grasse (...etc) Théâtre au Palais de la Méditérannée à Nice: "Frénésie"
- 13 mars Théâtre "Docteur Knock" à l'Athénée avec Louis Jouvet "ou le triomphe de la médecine" par Jules Romain.
- 27 mars : concert salle Gaveau, chef d'orchestre K Mazellier (Weber, Mendelssohn, C Franck, Wagner, etc.)

- début mai jusqu'au 17 mai : déplacement dans l'est de la France, occasion d'un parcours culturel impressionnant: Colmar, Walbach (maison de convalescence et colonie de vacances pour enfants de cheminots), Alkirch, Bâle, Besançon, Mulhouse...
- 20 au 22 mai : Noeux les Mines. Visite aux Giroux. Meaux, Villers Cotterets, Sissons, Saint Quentin, Bohain, Arras (visite à Melle Chabras). Noeux : visite d'une mine de charbon (suit une description précise de cette visite)
- Monument de Vimy, construit par les Canadiens sur les lieux où moururent 16 000 des leurs soldats. Tranchées. Vu Notre Dame de Lorette.
- vendredi 16 juin : Exposition "La Sécurité", protection contre les gaz, contre les avions.

mais les vacances en famille arrivent
- mardi 27 juin 1939 : Départ à Saint-Gervais, villa les Airelles. Voyage aller par Neuvy, Nevers, Macon, Annemasse (longue liste d'excursions dans les montagnes françaises et suisses) Ces excursions couvrent tout le mois de juillet:


Saint-Gervais, été 1939, avant le 24 août

- (...) 29 juillet : Col de Balme, Croix de Fer 2343m (...)
...... et le mois d'août, jusqu'au 24 août
- 23 et 24 août: Aiguille du Plan. Couché au refuge du Requin, montée dans les glaciers... etc Au refuge en descendant nous apprenons la mobilisation partielle. Faisant partie d'une équipe de Croix-Rouge avec Melle David et des anciennes de l'École, je rentre à Brunoy avec mon père. Ma mère y rentrera en voiture avec mes frères et soeurs. Rendez-vous à l'École de Montrouge.

- 9 septembre 1939: voyage inattendu à Peltre près de Metz. Séjour de 8 mois à Peltre, puis séjour de 2 mois à Lerouville. Journal de cette période à Goursat - perdu ainsi que mon casque et mon masque à gaz.

Du réveillon du 31 décembre 1939, maman a conservé dans ses archives ce menu plutôt appétissant, mais dont l'intérêt réside surtout dans l'illustration, réalisée par Jean-Pierre GILLON, médecin psychiatre de l'Ambulance Médicale d'Armée n° 33, où est affectée maman. Autour de la Paix qui trône en majesté, deux escaliers, celui que l'on gravit à droite (1940), et celui que l'on descend, à gauche (1939), où Hitler, poussé au pied, est prêt à s'effondrer après un autre officier. Tous les détails de ce dessin sont intéressants à découvrir! La partie inférieure du document est numérisée à part, compte-tenu de ses dimensions.

Détails et illustrations sur cette période de l'AMA 33 figurent dans la partie la FAMILLE DE 1939 à 1944 consacrée au récit qu'en a fait maman dans une longue lettre à Henri. Elle y raconte l'essentiel de ces mois à la fois difficiles et très riches vécus avec cette équipe médicale à Metz (Peltre et Lerouville) puis sur la route de l'exode (les notes qu'elles avait prises alors avaient été perdues).
Pour y accéder, taper sur le lien:

La déclarartion de guerre, l'exode, l'ambulance AMA33

- Juillet 1940 : Mende. Maman est démobilisée.

- Août 1940 : "Mende - Périgueux avec les Poulot (réfugiés à Mende) en voiture, puis, après une nuit à Périgueux dans une salle où dormaient des militaires, train de marchandises jusqu'à Montignac, dans lequel je suis admise grâce à mon uniforme" (notes tardives de maman). Montignac où une partie de la famille est réfugiée dans la maison de famille.
- septembre : séjour à Neuvy où se trouve Suzanne avec les plus jeunes, avant de tous rejoindre Brunoy où maman va rester quelques mois pour aider sa mère, très fatiguée, et soigner Françoise.
L'hiver sera rude cette année-là : plus de charbon, le froid, le rationnement, un pays occupé, Brunoy aussi. Maurice est prisonnier, on ne sait quand on le reverra.
L'état de santé de Françoise s'est aggravé en ce début d'année 1941 où se déclare une pleurésie qui va maintenir chez elle pendant des semaines une température de 39 à 40°. La famille doit continuer à vivre des séparations, Bernard étant envoyé à Neuvy et Lucienne en pension : Suzanne est malade, elle aussi...
À la fin de l'hiver, on constate un mieux dans la santé de Françoise et l'espoir revient.
- le 19 août 1941, Maurice arrive à Neuvy, libéré avec ceux qui ont fait la "grande guerre" avant celle-ci ou ont plusieurs enfants.

Annie restera à Brunoy autant qu'on aura besoin d'elle, puis cherchera à travailler.

C'est grâce à l'abbé Berthier, ancien curé de Brunoy, qu'elle trouvera un poste d'assistante sociale au Secours National de Corbeil, dans l'Essonne, commençant ainsi sa vie professionnelle en pleine guerre. Elle y restera du 1er octobre 1942 à l'été 1944.

La suite, nous l'ouvrons avec un autre chapitre, celui de la vie au lendemain de la guerre de celle qui, bientôt allait devenir notre maman.

lien vers la deuxième partie : 1940- 1944